Des Questions ?

Contrairement aux apparences, ce blog n'est pas mort... Mais apparemment les lecteurs qui passent par là ne veulent pas ou n'osent pas poser de questions... C'est bien dommage ne trouvez vous pas ? Alors ne soyez pas timides, osez !

lundi 28 juillet 2008

Comment peut-on être élu Président aux Etats-Unis avec moins de voix que son adversaire ?

(question toujours posée par Thierry C. d'Auribeau sur Siagne dans les Alpes-Maritimes, c'est la dernière. pour l'instant ?)


Ah ! Une question technique… Les plus faciles à répondre (il y a tout un tas de données objectives) et les plus casse-gueules (il y a des données objectives que le lecteur peut aller consulter pour vérifier que je ne dise pas de conneries)…

Déjà, commençons par dire que même aux US gagner avec moins de voix que son adversaire n’est pas chose commune. Ce n’est arrivé que trois fois dans l’histoire du pays, en 1876, 1888 et 2000, et si cette dernière a fait grand bruit, c’est plus à cause d’une certaine affaire floridienne qu’à cause du fait qu’Al Gore avait reçu plus de voix que George W. Bush au niveau national.

Mais comment est-ce possible ? C’est possible parce que les élections présidentielles américaines ne se font pas au suffrage universel, comme c’est le cas dans de nombreuses autres démocraties, à commencer par la France.

De plus, il ne faut pas oublier que nous avons ici affaire à un pays de type fédéral où, dans bien des domaines, élections présidentielles en premier lieu, le niveau national d’une chose n’est que bien peu important.

Ceci étant dit, je pense qu’il est temps pour une petite explication du déroulement des élections présidentielles américaines dans le but de les faire mieux comprendre au public francophone.

Une fois les primaires terminées (et comme il en fut question jusque dans les gros titres des journaux en France, je pense qu’il n’est pas nécessaire de revenir dessus tout de suite) se déroulent vers la fin de l’été les conventions nationales des deux partis principaux. C’est lors de ces conventions que sont désignés officiellement, par le vote des fameux délégués et super-délégués, les deux candidats principaux à l’élection présidentielle. Ceci fait, la campagne officielle peut commencer jusqu’au jour du vote, le premier mardi du mois de novembre (donc, cette année, ce sera le 4 novembre).
Ce jour-là, les électeurs qui le souhaitent votent (certains votent même avant, par correspondance). On notera que ce jour-là, on ne vote pas uniquement pour le Président mais pour tout un tas d’autres trucs (Députés, Sénateurs, Shérifs, Juges, Maires, etc.), et le soir venu, le dépouillement à lieu.

Mais si dans l’esprit des électeurs (et des étrangers regardant la chose de plus ou moins loin) il est question de voter pour un président (et d’ailleurs c’est bien le nom des candidats qui figure sur le bulletin de vote), la réalité est tout autre. Car en fait, on vote pour un grand électeur.

Qui sont-ils ?

Des hommes et des femmes du parti, et en qui (normalement) le candidat peut avoir confiance (au moins assez confiance pour que celui-ci n’aille pas voter pour l’opposant le moment venu), ils sont choisis de manière différentes d’un État à l’autre et d’une époque à l’autre. Ils dépendent d’un État, et leur nombre par État dépend de la population de cet État et s’élève à la somme du nombre de sénateurs et de représentants (députés) dans cet État.
En pratique, par exemple, l’État de Californie a aujourd’hui 53 députés et 2 sénateurs, il a donc 55 grands électeurs ; la Virginie Occidentale, quant à elle, possède 3 députés et 2 sénateurs, elle dispose donc 5 grands électeurs.
En ce qui concerne Washington DC, vu que la capitale n’a ni députés, ni sénateurs, il y a autant d’électeurs que DC en aurait si c’était un État, à condition qu’il n’y en ait pas plus que pour l’État le moins peuplé du pays. En pratique, si DC était un État, il y aurait 1 député et 2 sénateurs, donc il y aurait 3 grands électeurs, et comme l’état le moins peuple, le Wyoming, dispose lui aussi de 3 grands électeurs, tout va bien.
On notera, que tout comme le nombre de députés par État, le nombre de grands électeurs change tous les 10 ans, en fonction du recensement national.

Revenons-en à notre jour des élections. Les votes sont mis dans les urnes, puis le dépouillement a lieu. Et c’est à ce moment-là que tout se joue. Car les dépouillements sont faits et les votes sont comptabilisés par États et par États seulement.
Pourquoi ?
Parce que la plupart des États pratiquent le Winner takes all, c'est-à-dire que le gagnant de l’État reçoit le nombre total de grands électeurs auquel a droit cet État. Le Nebraska et le Maine ont des approches plus proportionnelles en théorie, mais en pratique, comme ce sont deux petits États (respectivement 5 et 4 grands électeurs) et que deux vont automatiquement et en plus à celui qui a gagné l’État, le cas de grands électeurs de partis différents dans ces États ne s’est à ma connaissance jamais présenté depuis que la pratique a été mise en place.

Donc, pour reprendre le « Winner takes all » signifie que quelle que soit la marge de victoire d’un candidat dans un État donné, il recevra 100 % du nombre de grands électeurs dans cet État.
Ce qui a pour conséquence que le nombre définitif de grands électeurs désignés pour chaque candidat à la fin du décompte des voix de tout le pays n’est pas exactement proportionnel au nombre de voix reçues au niveau national.

Si ce n’est pas très clair, imaginons deux secondes qu’un candidat gagne avec 51% des voix dans tous les États… Dans chaque État, c’est incroyable (et plus qu’improbable en pratique), mais c’est comme ça, il gagne avec 51% des voix. Et bien, il recevra 100% des grands électeurs de chaque État (sauf dans le Maine et le Nebraska, où il devrait en recevoir quelque chose comme 3 électeurs dans le Maine et 4 dans le Nebraska). Donc nous nous retrouverions avec un candidat qui a gagné les élections avec 51% des voix au niveau national, mais qui recevrait les faveurs de tous les grands électeurs, sauf 2.

Et dans la pratique, en 2000, Al Gore a eu 48,4% des voix, alors que G.W. Bush n’en a reçu que 47,9%, mais comme Al Gore n’avait gagné que 20 États (et DC) et que Bush a gagné 30 États, le Président actuel a reçu 271 grands électeurs contre 266 pour Al Gore.
Cet exemple concret montre bien que pour s’assurer de la victoire, il faut non seulement un grand nombre de votes, condition sine qua non comme pour chaque élection démocratique, mais il faut aussi répartir ces votes sur le plus grand nombre d’États possibles pour gagner, non seulement les États importants, mais aussi un certains nombres de petits États qui feront la différence. Ceci dans le but de balancer l’importance du peuple et l’importance des États dans l’Union (comme c’est déjà le cas avec les deux chambres : les Représentants (les députés) représentant le peuple, les Sénateurs représentants les États).
Dans le cas des élections de 2000, on a beaucoup parlé de la Floride, mais en fait si Al Gore avait gagne ne serait-ce qu’un ou deux États du Midwest (à commencer par le sien, le Tennessee, qu’il a perdu), il aurait gagné les élections et le monde serait bien différent aujourd’hui…

Pour terminer, les grands électeurs se réunissent en décembre (j'oublie le jour exact) votent pour leur candidat qui est désigné officiellement, et qui prend le pouvoir fin janvier.

On pourra débattre du bien fondé d’avoir un suffrage universel ou non, une autre fois si vous le souhaitez.

Si vous voulez en savoir plus, et si vous lisez l’anglais, cette page wikipedia est très complète sur le sujet (un peu moins en français).

jeudi 24 juillet 2008

Les Américains peuvent-ils situer la France sur une carte ?

(question posée par Thierry C. d'Auribeau sur Siagne dans les Alpes-Maritimes)

Ça dépend des Américains bien entendu.
Mais en général, je dirais plutôt non quand même…

Mais la question que je peux poser en retour est : « Pourquoi diable devraient-ils savoir situer la France sur une carte ? Les Français savent-ils situer le Malawi ? »
En effet, cette histoire de carte -plus que toute autre- est, à mes yeux, symptomatique de l’obsession qu’ont les Français sur la place qu’on leur donne dans le monde. Toujours à s’inquiéter de ce que l’on pense d’eux et ce genre de choses. Et du coup, ils sont presque toujours dans cette position assez paradoxale d’avoir un sérieux complexe d’infériorité par rapport à ça d’un côté, tout en s’offusquant quand on ne donne pas à la France la place qu’eux aimeraient qu’on lui donne de l’autre.

Mais pour en revenir à la question biaisée (biaisée parce que presque tous les Français la posant, la posent uniquement parce qu’ils savent déjà que la réponse est « plutôt non ») qui est posée, s’il est certes vrai que la connaissance de la géographie mondiale qu’un Américain lambda peut avoir est en général abyssale, on peut aussi demander « à quoi ça sert de savoir ça ? »
Bien sûr d’un côté, la réponse semble évidente : une question de culture générale et ce genre de choses…
Mais d’un autre, on peut aussi poser la question de à quoi sert la culture générale ?
Je ne veux pas entrer dans le débat (et je joue ici l’avocat du diable, je pense personnellement que c’est très important pour plein de raisons), mais on peut dire que la culture générale n’a finalement que l’importance que l’on lui donne.
Et s’il est aussi vrai que la France donne en général plus d’importance à la chose que les Etats-Unis, il ne faut pas non plus caricaturer. Il existe aux US tout un tas de gens avec une culture générale à faire pâlir un Français lambda… Surtout quand on voit l’état de la culture générale du Français lambda depuis quelque temps.
(sinon je vous propos un petit jeu : prenez une mappemonde sans les noms de pays, et faites la liste de combien vous savez localiser… Personnellement, je dépasse les 150…  Mais j’avoue avoir toujours du mal avec le Malawi.)

lundi 21 juillet 2008

Que pensent les Américains des Français ?

(question posée par Thierry C. d'Auribeau sur Siagne dans les Alpes-Maritimes)

Et bien, pas grand-chose...

Développons un peu plus : disons qu’une très grosse majorité des Américains se fiche des Français comme de leur première chemise.

Bon, je vais essayer de développer encore un petit peu plus en parlant de quelques minorités qui ont un avis sur la question. Car il existe une drôle espèce d’Américain que les Français semblent l’ignorer. Il s’agit des Francophiles !

Mais quelle est donc cette bête, se demande le lecteur ébahi d’apprendre l’existence d’une telle chose ?

Essayons de dresser son portrait-robot : C’est plutôt une femme. Plutôt un peu cultivé(e) mais pas trop trop quand même. Parfois geek, parfois non. Et cette personne fantasme totalement sur la France. Elle pense que tout y est parfait, que tout y est mieux qu’aux US, qu’il n’y a aucun problème dans ce pays joyeux des enfants heureux, que tout le monde aime son prochain, où tout le monde est très éduqué et très cultivé, où tout le monde passe ses journées à discuter philosophie sur les terrasse des cafés en buvant un verre de vin rouge, mais sans toutefois sombrer dans l'alcoolisme malgré les quantités ingurgitées quotidiennement.
Bref, une personne qui a transposé tout ce qui lui déplaisait dans son pays et qui a imaginé un pays où ce serait tout le contraire. Et ce pays ce serait la France… Enfin… Paris surtout… Le Francophile (comme presque tous les Américains d’ailleurs) ignorant que la France est un pays avec une superficie non-négligeable (dites à un Américain que la France à la taille du Texas, pour voir. Vous me raconterez), ils pensent en général que c’est uniquement une ville : Paris… Et encore Paris, j’exagère… Certains quartiers de Paris seulement… Vous imaginez facilement lesquels : en gros, les 1er, 6e, 7e, 8e arrondissements et un petit bout du 18e, ce petit bout étant Montmartre, vous l’aurez compris. En gros, pour un Francophile, le film Amélie Poulain est un film réaliste -que dis-je- naturaliste…

Et quid des anti-français ? se demande le lecteur qui a bien vu les infos en 2003, et qui a vu les hectolitres de vin français déversés dans les caniveaux américains, les Français se faire presque lyncher sur les places publiques, les frites prises en otage de cette triste histoire...

Connaissez-vous le mot « propagande » ?

Il s’est passé une chose assez étrange en 2003. Car si nous avions certes un gouvernement américain en pleine préparation de guerre et donc en pleine préparation du moral des troupes et du peuple, et pour qui tous les moyens sont bons pour ce but, même trouver un bouc-émissaire pour l’occasion (en l’occurrence les frites), en France il semblerait qu’il y ait eu une autre propagande tout aussi malsaine, mais finalement beaucoup plus efficace et ayant eu pour but d’exacerber le sentiment anti-américain primaire qui pourrit un peu notre pays quand même. Et du coup, chaque journal y allait de son reportage que l’on pouvait résumer en gros à « regardez comme les Américains sont méchants avec nous, ça prouve bien qu’ils sont méchants ! »

Quoiqu’à la réflexion, je me demande si je ne donne pas trop de crédit aux journalistes français en insinuant une action presque concertée de leur part à l’encontre des Américains… En fait, j’ai plutôt l’impression que comme d’habitude, ils ont tous pris le même incident isolé (ici un type qui vide une bouteille de Bordeaux dans le caniveau pour frimer devant ses potes gros beaufs, là un sénateur bas du front qui ne comprend pas que c’est faire honneur à la France que de considérer French et Freedom comme des synonymes) et ils l’ont monté en épingle autant qu’ils ont pu, jusqu’à plus soif, un peu comme en d'autres temps : l’insécurité, Ingrid Bétancourt et autres microphénomènes de société qui reviennent tous les quelques mois…

Donc pour résumer en 2003, oui, il y a eu des cons qui ont proféré trois insultes anti-françaises à la télé US et que les télés françaises se sont empressées de relayer jusqu’à l’indigestion.
Mais l’ensemble de la population américaine a fait comme à son habitude… Elle s’en foutait…

Je ne nie pas qu’il y ait des gros cons anti-français aux US, mais ceux-là sont en général tout simplement xénophobes et sont anti tout ce qui n’est pas américain. Mais de sentiment réel anti-français, que nenni.
Et au final, il y a très certainement bien plus d’antiaméricains en France que d’antifrançais aux US (et je ne parle pas en pourcentage de population, mais bel et bien de valeurs absolues).

Il existe par contre tout un tas de blagues sur les Français qui remontent à je ne sais quand (mais bien avant 2003), qui sont presque aux US ce que les blagues belges sont à la France, mais en général en beaucoup plus rigolo quand même.

Sinon, j’y faisais allusion en parlant des francophiles, mais il est évident que la grosse majorité des Américains a une image très fausse de la France… A peu près aussi fausse que l’image que les Français ont des US.

Mais ce point sera développé une autre fois.

mardi 15 juillet 2008

Pourquoi n'y a-t-il pas de réel parti de gauche aux USA ?

(question posée par Jean-Philippe W. de Liège en Belgique)

La question complète est la suivante : Pourquoi n'y a-t-il pas de réel parti de gauche aux USA -tel que le PS français- mais seulement un parti de droite conservatrice (Républicains) et un parti de centre-droit (Démocrates) ? Est-ce l'effet des purges du maccartisme ?


Tout d'abord, je reconnais bien là l'esprit provocateur de Jean-Philippe de vouloir inaugurer ce blog avec une telle question... Car voyez-vous, je le soupçonne de connaître déjà la réponse en fait...
Mais je vais faire comme si je ne le connaissais pas (sinon on va m'accuser de faire du copinage) et répondre aussi candidement que s'il était un parfait inconnu.



Voila une question comme je les aime. Pleine de clichés et d’a priori. :-)
Cette vision de la politique américaine est on ne peut plus simpliste, certainement inspirée de la lecture assidue de Libération et on ne peut plus éloignée de la réalité.

Commençons par le maccartisme, période noire, mais finalement d’importance toute relative dans l’histoire des Etats-Unis. Si la chasse aux sorcières fut bien réelle à l’époque, elle a surtout affecté des individus, pas des organisations, et le Parti Communiste Américain n’a pas cessé d’exister, il existe toujours encore aujourd’hui, même s’il est anecdotique (il l’était aussi -peut-être un peu moins- pendant le maccartisme).

Mais qu’en est-il de la division politique actuelle aux US ?
Commençons par rappeler que la division droite-gauche est un concept totalement arbitraire et qui suit souvent des critères différents d’un pays à l’autre. J’ai parfois l’impression que les Français (et d’autres) oublient ceci quand ils parlent de politique.
Et si l’on parle bien peu de gauche et de droite aux US, c’est parce que la bipolarité politique s’exprime autrement, c'est-à-dire essentiellement par conservatisme et libéralisme.

Et avant d’aller plus loin, j’insiste fortement sur le sens des mots libéral et libéralisme.
En France, au cours de ces 10 dernières années -en gros- ces deux mots ont pris une tournure bien particulière et un sens qui n’est pas vraiment (voire pas du tout) le leur.

Pour expliquer brièvement, le libéralisme c’est une philosophie de pensée prônant la liberté des individus à vivre la vie qu’ils souhaitent. C’est une philosophie descendant directement des Lumières, une espèce de version light du libertarisme en gros.
Pour résumer en essayant de ne pas trop simplifier, un libéral sera pour que la religion soit confinée au domaine du privé, que la sexualité aussi (et que n’importe qui ait le droit de baiser avec n’importe qui d’autre sans que personne d’autre ne s’en mêle tant que c’est entre adultes consentants), que les libertés individuelles de chacun ne soient pas équivalentes à ne pas se préoccuper du sort de son voisin, que chacun soit en droit de consommer les substances qu’il souhaite tant qu’il n’est pas un danger pour autrui, etc, etc, etc.
Ce mot libéral a aussi un sens économique. Dans ce sens, il veut dire que l’état ne doit se préoccuper que le moins possible de l’économie. Il existe aussi un ultralibéralisme économique qui prône l’absence totale d’interventionnisme de l’état.

Et donc ce qu’on appelle libéralisme en France, c’est en fait du capitalisme ultralibéral.
Bref, on frise le faux sens.

Et aux US, si d’un côté nous avons les libéraux (philosophiquement parlant donc) de l’autre nous avons les conservateurs. Terme dont le sens est à peu près le même ici ou là, mais dont l’importance dans la politique est nettement différente aux US de la France.

Vous l’aurez compris, aux US, les libéraux, ce sont les Démocrates, les conservateurs ce sont les Républicains. (ce n’est pas vrai à 100 %, mais ça l’est dans les grandes lignes).

Et donc dire qu’aux US, Démocrates et Républicains sont tous deux à droite sous prétexte qu’aucun des deux partis ne remettent en cause le capitalisme c’est comme dire qu’en France, UMP et PS sont tous deux à gauche, sous prétexte que les deux partis sont plutôt libéraux (philosophiquement).

Bref, nous sommes ici devant des raccourcis malencontreux et rien de plus.

La véritable question est donc : comment comparer les partis majeurs en France et aux US ?
Et en fait, dire que le PS n’est pas si différent que ça du Parti Démocrate et que l’UMP n’est pas si différent que ça du Parti Républicain n’est pas si éloigné que ça de la réalité.
Ce fut peut-être différent en d’autres temps, mais au jour d’aujourd’hui, pas tant que ça.

Toutefois, il faut garder à l’esprit plusieurs choses : parce qu’aux US il n’y a que deux partis majeurs, parce qu’aux US les différences et importances régionales sont bien plus grandes, parce qu’aux US il n’existe pas vraiment de politiciens d’envergure nationale en dehors des périodes d’élections présidentielles, parce que tout cela et parce que bien d’autres choses encore, les deux partis principaux englobent beaucoup plus de courants différents de pensée que le PS français ne le fait dans un mauvais jour.

Et ainsi, chez les Républicains on retrouve des sensibilités politiques qui vont de l’extrême droite la plus « klanesque » jusqu'à des hommes et des femmes qui se reconnaitraient sans problème dans les Chevènementisme.
De l’autre côté, chez les Démocrates, il y a des Fabius ou des Mélenchons américains tout autant qu'il y a des Chiracs (je reste persuadé que si Chirac et pas mal d’autres gaullistes avaient été américains, ils auraient été démocrates).

Le truc c’est que vues d’Europe, ces subtilités n’apparaissent pas. Essentiellement parce qu’en Europe on ne présente en général que les personnages principaux (et donc mainstream) des deux partis, et aussi parce que nos journalistes vont à la simplification –quand ce n’est pas la caricature- quand il s’agit de ce sujet (et d’autres).

J’espère que cela clarifie un peu la situation.