Des Questions ?

Contrairement aux apparences, ce blog n'est pas mort... Mais apparemment les lecteurs qui passent par là ne veulent pas ou n'osent pas poser de questions... C'est bien dommage ne trouvez vous pas ? Alors ne soyez pas timides, osez !

vendredi 22 janvier 2010

Barack Obama a perdu la majorité au Sénat.

Cette phrase est sur les lèvres de (presque) tous les journalistes de France et de Navarre depuis le 20 janvier.
Ce qui, une fois de plus, en dit long sur le boulot de vérification de l'information qu'ils font. Parce que cette fois, même pas besoin de longues semaines d'enquête sur le terrain, juste demander à un Américain pas trop ignorant ou à quelqu'un qui connaît un poil la politique américaine, ou encore plus bête, regarder sur wikipedia.

Parce que figurez-vous qu'Obama n'a absolument pas perdu sa majorité au Sénat.

Avant l'élection de mardi, il y avait au Sénat, 58 Sénateurs Démocrates, 40 Sénateurs Républicains et deux Sénateurs Indépendants (Joe Lieberman et Bernie Sanders) qui sont plus ou moins affiliés aux Démocrates (Lieberman était membre du parti jusqu'à récemment, et même s'il vire de plus en plus à droite, il est encore en théorie de gauche ; Sanders par contre, est peut-être le plus gauchiste de tous les Sénateurs), depuis l'élection de mardi, il y a 57 Démocrates et 41 Républicains.
Et la majorité au Sénat, c'est comme partout, la moitié plus un, soit 51 Sénateurs.




Alors pourquoi cette erreur de penser que la majorité a été perdue est survenue (pourquoi elle s'est répandue est une autre histoire, cf. début de cet article) ?

Parce que 60 Sénateurs est un autre chiffre-clé.
Si pour passer une loi, 51 votes suffisent, 60 votes sont nécessaires pour arrêter un débat et passer au vote proprement dit. Car, un peu comme dans notre Assemblée Nationale, les Députés de l'Opposition aiment bien faire de l'obstruction en déposant des amendements à tout va pour retarder le vote d'une loi, les Sénateurs de l'Opposition aux États-Unis font continuer le débat, avec le but que la loi passe à la trappe. Dans le passé, la pratique consistait à garder la parole le plus longtemps possible, quitte à se relayer entre Sénateurs, jusqu'à ce qu'assez de Sénateurs de la majorité soient partis se coucher ou autre pour que la loi puisse être bloquée, ou au contraire, que les opposants soient épuisés et abandonnent.
De nos jours, il suffit d'annoncer que l'on fait obstruction pour que le débat soit interrompu jusqu'à résolution (vote de 60 Sénateurs pour arrêter l'obstruction ou abandon de la loi).
On notera que de nombreuses personnes sont en faveur du rétablissement de l'ancienne méthode. J'en fais partie (même si ma voix ne compte pas).

Dans le passé, que ce soit en France ou aux US, la pratique était utilisée très rarement : en France, nous sommes passés d'une moyenne de 130 amendements par an en 1959 à une moyenne de 4249 amendements par an entre 2002 et 2007!
Aux US, on est passé à une moyenne de une fois par an il y a cinquante ans, à 139 fois en 2008 !

Donc voila. Obama a toujours la majorité au Sénat, mais il n'est plus à l'abri d'une obstruction des Républicains (et croyez-moi, ils ne vont pas s'en priver).

lundi 4 janvier 2010

C’est quoi ce binz entre les Américains et le surnaturel ?

(question posée par Franck, Français exilé aux États-Unis)

C'est quoi le binz entre les Américains et le surnaturel ? (…) Par exemple le câble aux US est envahi régulièrement par le paranormal. Des chaînes qu'on s'attendrait à être, sinon sérieuses, en tout cas les pieds sur terre, comme History, Discovery ou Biography ont toutes une solide quantité de leur programme dédiés aux fantômes, aux prophéties de Nostradamus, aux sinistres francs-maçons ou à l’apocalypse en 2012.
Alors ? C'est nous les seuls hyper rationalistes sur la planète ou c'est eux les zinzins du complot et des ovnis ? Et pourquoi ?
Franck

Cher Franck,
Commençons par ton avant–dernière question : « C'est nous les seuls hyper rationalistes sur la planète ou c'est eux les zinzins du complot et des ovnis ? »
Et j’ai envie de répondre : les deux.
Les Français sont certainement un des peuples les plus rationnels et cartésiens du monde, mais les Américains sont aussi de sacrés zinzins du complot et des ovnis…

Pourquoi ? Je ne peux que m’avancer en présuppositions, mais je pense que la piste de la religion mâtinée d’absence de centralisation et de premier amendement est la bonne.

Je m’explique.
Les premières colonisations en nombre sur le territoire qui allait plus tard devenir les États-Unis eurent lieu pour une simple raison : pouvoir y pratiquer leur religion librement (si un historien lit ces lignes et qu’il souhaite apporter des précisions ou des corrections, qu’il ne se gêne pas). À cette époque, le 17e siècle, le gouvernement anglais était devenu très intolérant avec toute personne n’étant pas de confession anglicane et il leur laissa un choix assez simple : se convertir ou partir. Bien entendu, tous les non-Anglicans peu ou pas pratiquants se convertirent sans trop se faire prier, si Paris valait bien une messe, l’Angleterre aussi. Par contre, ceux qui étaient à fond dans leur trip refusèrent la conversion et n’avaient plus d’autre choix que l’exil. Mais le gouvernement anglais n’étant pas si con, il leur permit de partir loin, mais toujours en territoire anglais, à savoir les nouvelles colonies, là-bas à l’Ouest et qui manquaient sacrément d’habitants, au point que si ça restaient trop comme ça, les Français au Nord et les Espagnols au Sud allaient s’étendre un peu trop.
Bref, c’est tout un tas d’intégristes chrétiens anglais qui s’établirent en Nouvelle Angleterre, ils furent bientôt suivi par d’autres talibans de Jésus qui trouvaient que les Anglicans étaient vraiment de gros dépravés, presque des Catholiques, et que cela était inadmissible, on les appelait les Puritains.

Bref, les premiers colons étaient de sacrés fous de Dieu et nous savons tous que ces gens-là ont un rapport assez étrange (pour nous Français cartésiens) avec le surnaturel. Pour presque tout Français, la Bible c’est soit un fatras de conneries, soit un beau recueil de métaphores selon qu’on soit Chrétien ou pas.
Pas pour eux. Et bien entendu, un peuple qui croit dur comme fer que la Terre fut créée en six jours, que l’humanité toute entière descend d’une couple unique ayant eu deux fils et tout un tas d’autres trucs sont des réalités indiscutables aura plus tendance à croire que les Mayas avaient prédit avec précision la date de la fin du monde avec près de mille ans d’avance et que les Petits Gris sont parmi nous.

Mais bon, en Europe aussi, au 17e siècle, on pensait que les buissons qui brûlent dans le désert parlent et que la Mer Rouge aime les Juifs mais pas les Egyptiens. Oui mais en Europe on a eu tout un tas de philosophes, en commençant justement par Descartes et en passant par ceux du Siècle des Lumières qui nous firent comprendre que tout ne doit pas toujours être pris au pied de la lettre, et que réfléchir par soi même peut être utile parfois.

Et puis la France est un pays sacrément centralisé quand même, ce qui fait que l’éducation de ses citoyens l’est aussi, et comme cette éducation est très cartésienne, ça fait au final toute une population plutôt rationnelle (en tout cas en ce qui concerne ce genre de trucs).

Point de tout cela aux États-Unis, où le fait que chacun est libre de croire ce qu’il veut et à ce qu’il veut est tellement important dans l’inconscient (et même le conscient) de chacun que ça a été mis dans le Premier Amendement de leur Constitution, pas le cinquième, pas même le deuxième, non, non, le premier !
D’ailleurs au passage, on notera que si chez nous on change de constitution quelques fois par siècle, aux US, c’est devenu une espèce de Bible bis : un texte sacré auquel on ne peut rien enlever.

Et donc, si en France, quelqu’un croyant un truc un peu trop débile sera rapidement remis à sa place par à peu près tout le monde, cela est plus difficile aux US, où chaque croyance et chaque opinion à sa place à égalité avec toutes les autres. Et ce pour le meilleur et pour le pire, car une perversion de cette façon de penser c’est que le factuel devient une opinion comme une autre. Et dans une société où tout est opinion et où tout est théorie, il n’y a plus de vrai et de faux, juste différents points de vue. Et c’est comme cela que des choses comme Fox News ou les Créationnistes existent et qu’il est impossible de les faire disparaître. Et loin de faire mon Jacques Séguéla, mais Internet ne fait qu'empirer les choses (au point que même au pays de Descartes certains commencent à avoir cet état d'esprit de "si j'y crois c'est que c'est vrai") comme en parle cet excellent blog.)

Et puisqu’il était question de programmes TV dans des chaînes « sérieuses », n’oublions pas que ces chaînes sont aussi là pour faire de l’audience et que le paranormal fait vendre (et ce même chez nous), donc on en met autant qu’on peut…

Voila en gros.

vendredi 25 décembre 2009

C'est Noël !!!

Et pour fêter ça, on sort le blog de son coma artificiel pour répondre à quelques questions qui passaient par là.

Donc "Institut" a demandé:

Les bals de promo sont-ils réellement comme dans les films ?
Il y a-t-il des casiers et des bus jaunes ?

Avant de répondre, je dois préciser que je ne n'ai jamais mis les pieds dans un lycée américain, mais qu'ayant connu un grand nombre d'étudiants les ayant fréquenté peu de temps avant m'avoir fréquenté moi, je sais quand même un truc ou deux sur ceux-ci.

Les bals de promo ou "Prom" comme on les appelle sont plus ou moins comme dans les films. Bien sûr tout dépendra du film (les films mettant en scène des lycéens sont souvent un poil caricaturaux), mais cela sera très similaire à un film ou série plutôt réaliste.

Et oui, les casiers et les bus jaunes existent.

Ces bus ne sont d'ailleurs pas juste un truc un peu exotique/folklorique. S'ils remontent au 19e siècle (les premiers étaient tirés par des chevaux) et généralisés dans les années 50, ils prennent une véritable importance sociale dans les années 70, quand le gouvernement, ans une volonté de "désségratation" des écoles américaines qui n'avaient que peu ou pas de mixité raciale à cause des décennies de ségrégations dans le pays.
Pour plus de précisions (pour les anglophones) voyez cet article wikipedia.

dimanche 6 septembre 2009

Quel rapport ont les Américains avec l’argent ?

(question posée par Dylan de quelque part)

Le rapport avec l'argent aux USA est-il différent de celui que l'on peut avoir en France ?



En voila une question intéressante pour cette tentative de redémarrage du blog.
La réponse courte est : oui le rapport à l’argent est très différent aux US par rapport à la France.

Bien entendu, cette réponse demande à être développée un minimum…
Donc on peut dire qu’aux États-Unis, l’argent n’est pas entouré de cette aura morale qu’il peut avoir en France. Cela peut paraître paradoxal dans ce pays où la morale est omniprésente, mais c’est comme ça.
Aux US, l’argent n’est pas « mal », « sale » ou autres qualificatifs qu’on peut parfois lui attribuer dans nos contrées. Les gens n’ont pas ce rapport amour/haine et presque hypocrite avec l’argent que l’on peut avoir en Europe (« l’argent c’est mal » mais tout le monde en veut plus), et dans la vie de tous les jours, il est vraiment considéré comme un outil d’échange et pas beaucoup plus.
Bref, pour la plupart des gens c’est quelque chose qu’il est bon d’avoir pas en tant que tel, mais parce qu’il permet tout un tas de choses. Pour la majorité de la population l’argent n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour atteindre certaines choses.

Mais voila, je ne vous apprendrais rien en vous disant que les États-Unis sont la Mecque du capitalisme, et de ce fait, et avec une absence de « tabou » lié à l’argent, tous les excès liés à celui-ci sont possible et l’avidité des gens en matière d’argent peut s’y exprimer beaucoup plus librement que dans nos contrées. Les conséquences, vous les connaissez (ou alors vous vivez coupés du monde depuis des années).

Donc pour résumer, les Américains ont un rapport plus sain à l’argent que les Français dans la vie de tous les jours, mais cette « désinvolture » lâchée dans la nature sans bride est la cause de biens de maux, non seulement aux US mais -du fait de la prépondérance économique du pays- partout dans le monde.
Malheureusement, j’ai bien peur que l’un ne puisse aller sans l’autre….

On Ré-ouvre ?

Contre toute attente, une question m'est parvenue ce week-end, donc je ne vois d'autre option que de ré-ouvrir le blog, du moins temporairement...

Disons que je ne vais pas me remettre à poster des bumper stickers, mais si d'autres questions viennent, j'y répondrai avec plaisir... :-)

lundi 20 avril 2009

On Ferme...

Bon vu l'absence de questions (les Français croiraient-ils tout savoir sur les US... j'en ai bien peur et c'est bien dommage) ça ne rime à rien de continuer à maintenir ce blog actif en postant des stickers toutes les semaines, alors on arrête les frais et on ferme...

Je laisse ce blog en ligne au cas où, et si quelqu'un veut poser une question un de ces jours qu'il n'hésite pas, je pourrais éventuellement le réactiver (ou répondre à la question sur mon blog principal, on verra).

Allez, bonne continuation...

lundi 2 mars 2009

Pourquoi traduit-on Academy Awards par Oscars ?

(question posée par Napoléon-Didier de Strasbourg)

En fait, une fois n'est pas coutume, il ne s'agit pas d'une mauvaise traduction.
Les deux appellations sont correctes et nous proviennent toutes deux de Los Angeles.

A l'origine, le vrai et seul nom était Academy Awards, c'est à dire les récompenses (awards pour les non-anglophones) remises par l'Académie.

Quelle académie? The Academy of Motion Picture Arts and Sciences.

Oscar, c'est le surnom de la statuette et par synedoque c'est devenu aussi le surnom de la cérémonie... Puis sont deuxième nom officiel (avec les petits ® qui vont bien).

Quant à l'origine du nom Oscar, le doute persiste.
Certains disent que c'est Bette Davis qui l'aurait surnommée ainsi d'après son premier mari Harmon Oscar Nelson. Or elle n'a reçu sa première statuette qu'en 1936, alors que l'appellation Oscar serait déjà présente dans le Time Magazine de 1934, voire même dans la bouche de Walt Disney en 1932.
Une autre source, et c'est souvent celle-ci que les journalistes et autres commentateurs mentionnent quand ils racontent ce genre d'anecdotes, serait que Margaret Herrick, alors secrétaire exécutive de l'Academy, aurait dit que la statuette ressemblait exactement à son oncle Oscar, et le surnom serait resté parmi les membres du bureau de l'Academy puis tout Hollywood et finalement le monde entier, car le surnom est devenu officiel en 1939.

jeudi 27 novembre 2008

50 Idées Reçues sur les États Unis.

J'ai récemment fini l'ouvrage dont je fais mention quelques billets plus bas.

Bilan: Je n'ai pas appris grand chose, mais si vous n'avez qu'une vague connaissance des États Unis, c'est à dire une connaissance issue de ce qu'on dit et entend en France sur le sujet habituellement, c'est effectivement très intéressant et très instructif et permettra de tuer quelques clichés et idées reçues sur le pays.

Mais que cela ne vous empêche pas de m'envoyer des questions, ne soyez pas timides, je suis sûr que vous en avez.

samedi 1 novembre 2008

De la Concurrence ?



Il s'agit d'un livre sorti ces jours-ci et dont le but est le même que ce blog : essayer de tordre le cou à certains clichés sur les Etats-Unis et essayer d'en donner une image plus proche de la réalité.
Je l'ai acheté hier et donc à peine commencé, mais je vous le conseille, il a l'air rempli de choses intéressantes. (je posterai bien sûr un erratum, si à sa lecture, je pense qu'il ne vaut rien au final).

mardi 28 octobre 2008

Devenez Américanophiles !

Juste à temps pour les élections (aucun rapport en fait), Blogger vient enfin d'activer pour les blogs francophones le widget qui permet aux lecteurs fidèles d'un blog de se déclarer comme tels.

A quoi ça sert ?
Pour le lecteur, à pas grand chose s'il n'est pas lui-même un utilisateur de Blogger.
Pour le rédacteur du blog, tout simplement de savoir qui le lit, ce qui n'est pas négligeable, l'un des gros défauts des blogs c'est quand même qu'en dehors des commentaires on ne sait pas trop qui vous lit.

Donc si vous êtes un fidèle lecteur de ce blog (et n'êtes pas arrivés ici par hasard, cherchant des informations sur les élections sur google comme c'est le cas de la plupart des récents visiteurs), n'hésitez pas à vous signaler dans le widget de la colonne de droite, ça fera plaisir.

vendredi 17 octobre 2008

C'est quoi au juste de concept d'Affirmative Action?

(question posée par Jean-Philippe W. de Liège en Belgique)

L’Affirmative Action c’est plus ou moins (en tout cas dans le principe) ce que l’on appelle de nos jours et dans les contrées de Nicolas Sarkozy : « la discrimination positive. »
D’ailleurs, avant d’aller plus loin, je me permets un petit aparté presque hors sujet, mais je tiens à souligner que l’expression « discrimination positive » est une aberration en soi. Une discrimination est par définition négative car elle se fera toujours à l’encontre d’un groupe de personnes ou d’un individu en faveur d’un autre groupe de personnes ou d’un autre individu. De même qu’il ne peut y avoir de laïcité positive, la laïcité n’existant qu’en opposition avec l’Église. Quand un gouvernement réinvente la définition de certains termes, il est temps de se méfier.

Mais qu’en est-il de l’Affirmative Action ?

C’est un mouvement qui prend plus ou moins ses sources dans le «Civil Rights Movement», même si on pourrait le faire remonter encore plus loin, et il consiste à aider les minorités par des quotas (les fameux quotas) pour leur permettre d’accéder plus facilement à certaines universités, certains emplois, etc.
A l’origine, l’intention est louable, puisqu’il s’agit d’essayer de faire rattraper le retard acquis par des générations de ségrégations et à terme de créer une classe moyenne, puis aisée noire (puisqu’à l’origine il s’agissait surtout des populations noires) aux États-Unis.

Le résultat est globalement positif, grâce à l’Affirmative Action, on a vu vers la fin des années 80, début des années 90 l’émergence de cette classe moyenne. Mais on pourrait arguer qu’on est encore loin du compte et que l’Affirmative Action seule ne pourra jamais résorber les différences sociales entre les minorités ethniques.

On notera aussi que l’Affirmative Action n’a pas que des supporters. Et au-delà des individus racistes habituels on notera deux arguments valides :
- Ce genre de quotas, même s’ils sont positifs à l’échelle de la population, vont faire du mal à des individus. Certains (presque toujours des hommes blancs donc, puisque faisant partie du groupe « dominant ») se verront refuser l’accès à des universités ou des emplois alors qu’ils étaient parfaitement qualifiés car une personne d’une minorité peut-être un peu moins (ou pas) qualifiée leur sera passé devant pour cause de quotas. L’égalité entre populations doit-elle passer par l’inégalité entre individus ? C’est à discuter.
- Certains bénéficiaires de l’Affirmative Action eux-mêmes émettent des réserves à son encontre car ils ne savent pas s’ils ont eu ce poste ou cette bourse parce qu’ils la méritaient vraiment ou grâce à leur couleur de peau, ce qui à terme, peut laisser sous-entendre qu’ils ont eu leur diplôme ou leur poste au rabais.

Voila en gros ce qu’est l’Affirmative Action.
J'aurais pu entrer plus dans les détails, mais je voulais faire quelque chose de concis et rapide, après tout la question me demande d'expliquer le concept...

samedi 4 octobre 2008

Pourquoi voit on aussi peu d'obèses dans les films et séries TV américains ?

(question posée par Thierry C. d'Auribeau sur Siagne dans les Alpes-Maritimes, et je tiens à le remercier pour m'aider ainsi à réveiller ce blog bien moribond)

"Dans ce pays du politiquement correct où chaque émission télé doit contenir son quota de chaque minorité, pourquoi voit on aussi peu d'obèses à l'écran ?"


Avant de répondre à proprement parler à la question je dois d'abord tordre le cou à une idée reçue bien vivace en France dès qu'il est question d'Hollywood :
Il n'existe aucun quota pour la représentation des minorités dans les films et les séries TV.
Je ne sais pas trop d'où vient cette croyance, peut-être une mauvaise interprétation du concept d'Affirmative Action. Je ne sais pas. Mais le fait est qu'il n'existe aucune loi ou règle obligeant les directeurs de castings ou les scénaristes d'inclure un certain nombre de représentants de minorités dans leurs œuvres. Si depuis un certain nombre d'années, le nombre de représentants de minorités à l'écran a augmenté, c'est effectivement à cause du politiquement correct, je dirais même que c'est une des seules bonnes manifestations de celui-ci et au passage la France pourrait en prendre de la graine quant à sa représentation des noirs et des nord-africains dans ses fictions.

Mais qu'en est-il des obèses ?
La réponse est plutôt simple :
Déjà, l'obésité n'est pas une minorité raciale.
Ensuite et surtout tout le monde aime que ses personnages préférés soient beaux, riches et intelligents (pour faire court), or dans le monde occidental actuel, il est rare que l'on associe l'obésité à la beauté, au contraire même.
Je pense qu'il ne faut pas aller chercher plus loin pour cette sous représentation.
On pourrait aussi noter le faible pourcentage d'obèses parmi les acteurs, justement peut-être parce qu'il y a peu de demande, peut-être pour d'autres raisons moins directes (Hollywood étant située en Californie du Sud, capitale mondiale du culte du corps, et ce genre de choses).

Une fois de plus, on notera que la France ne fait pas mieux que les US de cet point de vue-là, que les obèses sont encore moins représentés dans les fictions françaises et quand ils le sont c'est presque toujours de façon caricaturale, voire limite insultante. Alors qu'aux US, là aussi, il y a du progrès depuis quelques années (essentiellement grâce à Roseanne Barr et John Goodman) et que ce progrès permet de voir des personnages tels qu'Hurley dans Lost, dont l'obésité est traitée de manière assez juste : elle n'est pas le trait principale du personnage, mais elle n'est pas non plus occultée.

lundi 18 août 2008

Des Cahiers et des Stylos Américains...

(question posée par Céline C. de Meudon)

Pourquoi est-ce que en France, les magasins proposent tant de cahiers, cartables, stylos décorés de personnages de dessins animés, de bandes dessinées, de marques, etc. alors que les Etats-Unis -souvent vus comme le pays du consumérisme- les magasins ne proposent que peu de ces produits ? Aux US les cahiers sont ultra basiques, les carnets sont jaunes avec des lignes et c'est tout, les stylos sont à bille... Pourquoi ?


La réponse à cette question est assez complexe.
Tout d’abord, comme vous le dites, les US sont vus comme le pays du consumérisme, mais c’est une des multiples images fausses que l’on a souvent de ce pays.
Attention, ne nous méprenons pas, je ne dis pas que les Américains ne sont pas consuméristes. Ils le sont. Mais ni plus ni moins que tous les autres pays riches ou en train de le devenir, France y compris. Et à la réflexion, certains pays en train de devenir riches sont bien plus consuméristes que les Etats-Unis.

Ensuite, il y a en France un phénomène que je considèrerais comme typiquement français –quoiqu’il doive bien exister dans d’autres pays- et en tout cas totalement absent aux US (une fois encore, contrairement à ce que de nombreux Français croient à tort).
Ce phénomène, dû essentiellement à la centralisation extrême de la France, est celui des événements, soit saisonniers, soit médiatiques qui vont toucher l’ensemble du pays et de la population. Vous savez quand il se passe quelque chose (d’exceptionnel ou non) et que tout le monde (médias, population, etc.) va en parler pendant presque constamment pendant un certain temps, jusqu’à ce que l’événement soit passé (s’il est saisonnier) ou qu’il y ait un ras-le-bol général de la chose, tout le monde en ayant trop parlé.
Et bien, figurez-vous que ce genre de comportement est presque inexistant aux US.
Je ne dis pas qu’il n’existe pas, mais il est très rare et confiné à quelques événements particuliers et prédéterminés : les élections présidentielles (et de manière plus générale : le Président), le Super Bowl et quelques trucs exceptionnels comme l’ouragan Katrina.
Et de manière plus générale, j’ai la sensation qu’il y a moins de marronniers aux US qu’il n’y en a en France.
L’un d’entre eux étant la Rentrée des Classes.
En France, c’est toute une histoire à l’échelle nationale, aux Etats-Unis, beaucoup moins, et du coup le traditionnel shopping de la Rentrée des Classes est réduit au strict minimum aux US, pas tout un rituel extrêmement codifié comme un France.

Je pense que c’est la raison principale.

Mais il y en a une autre qui va faire écarter grand les yeux de la plupart des lecteurs.
C’est que le concept de produits dérivés et déclinés à l’infini sur tout et n’importe quoi est bien plus présent en France qu’aux Etats-Unis !
Oui, oui, vous m’avez bien lu.
Certes, le concept a bien été inventé aux US (par George Lucas dit la légende), mais c’est en France (voire en Europe) qu’il prend parfois des dimensions hallucinantes, voire saugrenues.

Quand un événement générant des produits dérivés survient (comme un gros blockbuster par exemple), non seulement on va en parler beaucoup plus en France qu’aux US, mais surtout c’est en France et pas aux US qu’on verra le plus de produits dérivés sur la chose.
Aux US, ça se limitera en général à quelques jouets, bouquins et autres trucs destinés en général aux enfants et aux geeks.
En France, on va voir des déclinaisons du produit sur tout et n’importe quoi parfois, y compris les cahiers et les stylos.
Je crois que l’exemple le plus flagrant en face duquel je me suis retrouvé fut au cours de la sortie de Lord of the Rings.
Aux US, certes, il en était question, le film a eu le succès que l’on sait, mais les produits dérivés étaient, de manière générale, très rares.
Puis, rentré en France pour les fêtes, je tombais face à une déferlante que j’aurais été incapable d’imaginer.
On aurait dit que tous les produits de consommation étaient estampillés Lord of the Rings, même les plus improbables, toutes les émissions télévisées ne semblaient plus s’intéresser qu’à ce film, qui semblait aussi être le sujet de conversation principal de tout un chacun.

J’ai encore du mal à m’expliquer le pourquoi de la chose, mais une fois de plus, je soupçonne le centralisme associé à la (petite) taille de la France, opposé à une certaine dissémination aux US, parce que pas de centralisme, parce que la multitude des médias fait que 80% de la population n’a pas les yeux rivés sur 3 chaînes de télé seulement, etc.

Une dernière explication est qu’en France, il y a une certaine sacralisation des objets cahier et stylo (voyez par exemple comment il est important de savoir d’écrire au stylo-plume le plus tôt possible), alors qu’aux US, ils ne sont que des outils, et il est normal d’écrire au crayon à papier sur du papier plus ou moins brouillon, même un truc que l’on doit rendre au professeur.

mardi 5 août 2008

Pourquoi y a-t-il des stickers sur toutes les voitures?

(question posée par David G. de Paris)

Dire qu’il y en a sur toutes les voitures est un peu exagéré. Mais il est vrai qu’il y a des bumper stickers (c’est leur vrai nom) sur tout un tas de voitures. Il y en a pour tous les goûts : de l’humour (beaucoup d'humour, souvent des jeux de mots), des signes d’appartenance religieuse, des soutiens politiques, des aphorismes plus ou moins philosophiques et j’en passe.

Pourquoi ?
Difficile à dire…
Je pense qu’il s’agit d’une mode qui ne s’est jamais estompée (j’ai le souvenir que ces choses-là furent aussi à la mode quelque temps en France pendant mon enfance, mais cela n’a pas duré) et que cette manie d’afficher ses opinions ou de simples messages de la sorte est une des manifestations du flou qu’il y a entre vie publique et vie privée aux US, ainsi que cette volonté de communiquer au monde ce que l’on pense tout en se singularisant (ou plutôt en singularisant sa voiture), mais rarement en étant prêts à en débattre directement (difficile de répondre à un autocollant, sinon par un autre autocollant), n'oubliez pas que le débat c'est très français comme truc.

C'est aussi une forme de militantisme.

Quant au fait qu'on les trouve principalement sur les voitures est aussi assez parlant : la voiture est (et restera encore assez longtemps, malgré un changement récent de mentalités) l'outil principal de socialisation d'un Américain (puisque qu'il utilisera sa voiture pour aller n'importe où, faire n'importe quoi, ou presque).

Pas grand-chose de plus à dire là-dessus, désolé…

Pour me faire pardonner, voici quelques bumper stickers « typiques » glanés sur le net :




























En fait, cette question sur les bumper stickers me fait réaliser à quel point ils sont une partie de l'Americana et qu'ils sont révélateur de bien des choses dans la façon de penser des Américains, leur humour, les sujets d'actualités qui font débat, etc.

lundi 4 août 2008

D’où vient cette habitude d'avoir un drapeau au fond du jardin (voire même de lever les couleurs comme à l'armée) ?

(question posée par David G. de Paris)

Commençons déjà par le lever des couleurs comme à l’armée, mais au fond de son jardin…

En fait, c’est devant sa maison que le drapeau est en général placé. Au fond du jardin, ce serait contre productif puisqu’il est question d'afficher littéralement ses couleurs. Au fond du jardin, à part le voisin de derrière, quelques chats, opossums et ratons laveurs, il n'y a pas grand monde qui le verrait.

Quant au lever de drapeau dans son jardin à proprement parler…
Oui, des Français m’en ont parlé. Des Américains jamais… Je n’en ai non plus jamais vu.
Je ne dis pas que ça n’existe pas, mais il s’agit certainement de cas isolés (de types un peu tarés quand même) qui vont être généralisés par les personnes qui en seront témoins ou qui en auront entendu parler.

Rappelez-vous les deux erreurs principales à ne pas faire quand on observe une culture étrangère (et que malheureusement presque tout le monde fait) :
- Tout acte d’un autochtone n’est pas « significatif » dans le sens que tout acte n’est pas typique la culture en question, ni porteur d’un sens caché et lourd de sens, parfois, on va simplement faire ses courses, et la seule signification profonde que cela comporte c'est que le frigo est vide.
- Tout acte d’un autochtone ne doit surtout pas être généralisé. La généralisation (à ne pas confondre avec la « totalisation ») est acceptable après avoir observé de l’intérieur une culture pendant longtemps (temps qui se compte en années). On notera que la différence que je fais entre généralisation et totalisation c’est que la généralisation c’est « en général, la plupart des autochtones font une chose donnée, mais certains ne la font jamais, d’autres rarement, etc. » la totalisation c’est « tous les autochtones font une chose donnée. »

Mais revenons-en à nos drapeaux.
Donc oui, les Américains ont de temps à autres des drapeaux américains (parfois d’autres types de drapeaux, allant de celui de leur état à un drapeau représentant une jolie fleur) sur le devant de leur maison.
Pourquoi donc ?

Déjà il faut noter que cette habitude est redevenue à la mode après un triste jour de septembre en 2001. Auparavant, ils étaient beaucoup moins communs… (je présuppose aussi que de nos jours, ils le sont beaucoup moins qu'il y a 6 ans)
Et si certaines personnes font ça, c’est parce que de manière générale, le drapeau américain est très commun dans le pays, et qu'il n’a pas systématiquement cette connotation très officielle (voire pompeuse) que peut avoir le drapeau français qui de son côté semble déplacé dès qu’il apparaît ailleurs que sur un bâtiment de la République Française.
Une autre connotation qu’a le drapeau français et que n’a pas le drapeau américain, c’est cette impression qu’il n’y a que ceux qui sont à droite de la droite et qui sont fans d’un vieux borgne qui aiment le brandir. Et par conséquent, je connais de nombreux Français qui parfois se sentent mal à l’aise en présence d’un drapeau de leur pays de peur qu’on ne les prenne pour des nationalistes xénophobes.

Point de tout ceci aux US.
Par contre, une chose qui est commune aux US et relativement rare en France c’est un certain patriotisme exacerbé. Patriotisme non immédiatement connoté nationalisme et xénophobie (même si le nationalisme n’est parfois pas très loin).
Ce patriotisme a existé en France, à une époque où la France était une superpuissance. Y aurait-il une relation de cause à effet entre être une superpuissance et être atteint de cette forme de patriotisme ? Je suis tenté d’en voir une.

Ce patriotisme a disparu en France, parce que celle-ci n’est plus une superpuissance et aussi parce qu’il n’est plus trop de mise en Europe Occidentale. (j’ai l’impression que les deux guerres mondiales on rendu les Européens un peu plus sages sur cette question).
Aux US, il est encore bel et bien vivant et se manifeste, entre autres, par des drapeaux un peu partout, y compris dans les jardins des particuliers.